Notice

  • Bibliomer n° : 61 - Janvier 2012
  • Thème : 4 - Environnement
  • Sous-thème : 4 - 1 Qualité du milieu
  • Notice n° : 2012-5919

La pollution de la Méditerranée : état et perspectives à l'horizon 2030

Courteau R.

Rapport, 2011, n° 652 - 188 p.

Adresse internet : http://www.senat.fr/notice-rapport/2010/r10-652-notice.html


Analyse

Ce rapport très complet dresse un état des lieux détaillé des connaissances actuelles sur l'état de la pollution en Méditerranée, et propose différentes actions à mettre en place pour lutter contre cette pollution à l'horizon 2030.

La Méditerranée est une mer semi-fermée au taux de renouvellement des eaux estimé à un siècle en moyenne, ce qui la rend particulièrement fragile aux pollutions. Les zones qui la constituent sont très différentes de part leur géographie physique et leur occupation humaine.

7 à 8 % des espèces marines connues (~12 000 espèces) sont présentes en Méditerranée alors qu'elle ne représente que 0,3 % du volume des eaux océaniques. Un quart de ces espèces sont endémiques.

Le 1er chapitre de ce rapport montre que cette biodiversité fragile est menacée par :

- La littoralisation et l'urbanisation
Les pays riverains de la Méditerranée représentent 7 % de la population mondiale et 31 % du tourisme international.
En 30 ans, les populations côtières ont fortement augmenté (de 96 à 145 millions d'habitants), essentiellement sur les rives est et sud.
Le tourisme méditerranéen est surtout balnéaire et concentré sur le littoral, ce qui accroît les tensions sur l'utilisation de l'eau, la production de macro-déchets et l'urbanisme de façon démesurée.

- Les apports telluriques insuffisamment épurés
Les activités agricoles apportent des quantités significatives de nitrates, de phosphates et de pesticides... Certains pesticides, en tant que polluants organiques persistants, sont à présent interdits. Ils peuvent toutefois encore être utilisés clandestinement dans certains pays, ou entreposés de façon inadéquate et lessivés vers les bassins versants.
L'industrie passée, actuelle ou future, impacte le milieu marin. Les PCB, même s'ils ne sont plus produits, se retrouvent dans les sédiments des fleuves. L'exploitation minière comme la transformation des hydrocarbures rejettent de nombreux résidus...

- La pêche et l'aquaculture
En plus d'une pression directe, la pêche peut avoir des effets sur les biotopes et les chaînes trophiques en détruisant les habitats et les zones de frayères constituées par les prairies de posidonie sur les plateaux continentaux.
La croissance de l'aquaculture en Méditerranée est importante (~10 % par an). Elle peut entraîner une dégradation des milieux (effluents, antibiotiques, évasions...), mais aussi, avec une gestion adaptée, favoriser la croissance du biotope halieutique (en formant des dispositifs de concentration de poissons).

- Le transport maritime
La perte croissante de conteneurs en mer, la pollution chronique par les hydrocarbures et la menace d'un accident pétrolier majeur font du transport maritime un risque non négligeable pour la Méditerranée. Le trafic international est en augmentation ce qui engendre une concentration importante dans des passages étroits ; fait auquel il faut ajouter une tendance au gigantisme des bateaux et au vieillissement de la flotte.

- L'exploitation pétrolière
Plus de 75 plates-formes existent en Méditerranée, de nombreux projets de forage à plus de 1000 m sont aussi à l'étude (sûreté d'exploitation ?). L'encadrement juridique et les structures de décision en cas d'accident semblent insuffisants. L'âge des équipements n'a pu être déterminés.

- L'activité sismique potentielle de la zone

Le 2ème chapitre s'intéresse à la contamination des milieux marins méditerranéens et aux limites des connaissances actuelles. Les données sur différentes catégories de pollution sont présentées : pollutions physiques, chimiques, organiques, émergentes, pollutions dues aux phytoplanctons toxiques, aux micro et macro-déchets, aux invasions biologiques et au trafic maritime.

Le 3ème chapitre est consacré à la gouvernance de lutte anti-pollution qui apparaît encore trop dispersée. La convention de Barcelone, le plan d'action méditerranéen, les interventions européennes et l'Union pour la Méditerranée y sont notamment discutés.

Des facteurs d'évolution préoccupants à l'horizon 2030 sont présentés dans le 4ème chapitre. Ils concernent :

- le durcissement des réglementations risquant d'accentuer les différences entre les rives nord et sud de la Méditerranée,
- la croissance démographique et ses conséquences (tension sur la demande en eau, constructions sur le littoral, production de déchets...)
- le réchauffement climatique et son impact futur : diminution des précipitations, augmentation de la température de l'eau (de 3 à 4°C en 2100) et de la salinité, modifications des courants et des biotopes, acidification...

Enfin, la dernière partie du rapport liste des propositions pour remédier au constat dressé et aux évolutions pressenties. Parmi les nombreuses actions envisagées, peuvent être citées les suivantes :

- créer une agence de protection de l'environnement et de promotion du développement durable en Méditerranée,

- créer une Alliance de recherche sur les milieux marins méditerranéens en France, demander des appels d'offre ciblés à l'ANR, parrainer les laboratoires des rives est et sud,

- promouvoir l'implantation d'équipements de lutte contre la pollution subordonnée à un bon fonctionnement des installations après 5 ans et à une modification de la législation du pays bénéficiaire,

- amplifier les efforts de recherche sur :
? la compréhension des conséquences futures du changement climatique,
? l'effet des polluants sur les milieux marins,
? les polluants émergents (produits cosmétiques et pharmaceutiques dont les perturbateurs endocriniens),
? les risques de " polymérisation " de la mer due aux quantités importantes de plastiques rejetés (travaux sur le recyclage à envisager),
? l'effet des polluants dans les lagunes méditerranéennes.

- lutter contre les rejets illicites d'hydrocarbures en développant la surveillance par satellites, parfaire la coopération en cas de rejets accidentels, faire installé les équipements d'apurement des eaux de cales et des boues,

- uniformiser les systèmes d'information sur le trafic maritime et accroître sa sécurité,

- favoriser la création d'aires marines protégées d'envergure et accélérer leur mise en oeuvre.

Analyse réalisée par : Kolypczuk L./ Ifremer


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