Notice
Modèles d'introgression dans la zone en mosaïque d'hybrides entre Mytilus edulis et M. galloprovincialis
Introgression patterns in the mosaic hybrid zone between Mytilus edulis and M. galloprovincialis
Bierne N.*, Borsa P., Daguin C., Jollivet D., Viard F., Bonhomme F., David P.
* Laboratoire Génome, Populations, Interactions, CNRS-UMR5000 - Station Méditerranéenne de l'Environnement Littoral, 1 quai de la Daurade, 34200 Sète ; E-mail : n-bierne@univ-montp2.fr
Molecular Ecology, 2003-03, Vol. 12 (2), p. 447-461 - Texte en Anglais
Analyse
Des chercheurs français ont mis au point des marqueurs génétiques permettant de différencier les moules provenant des trois zones principales de production en Europe.
L’existence de deux espèces de moules, Mytilus edulis et Mytilus galloprovincialis, était reconnue sur la base de la morphologie depuis longtemps. Cependant, la morphologie est sensible à l’environnement dans lequel se développent les moules (salinité, action des vagues etc.). De plus, des morphologies intermédiaires sont souvent rencontrées, notamment le long des côtes françaises.
A l’aide des nouveaux marqueurs ADN, les chercheurs ont confirmé une très forte différence génétique entre les moules de la Mer du Nord, de l’espèce Mytilus edulis, et les moules des côtes Atlantique de la Péninsule Ibérique, de l’espèce Mytilus galloprovincialis. Cependant, chacune des deux espèces possède en faible fréquence des gènes de l’autre espèce. En réalité ces deux espèces de moules peuvent quelquefois se reproduire entre elles, et lorsqu’elles co-existent au même endroit, on parle d’hybridation. Si les hybrides formés sont généralement moins vigoureux, ils parviennent parfois à se reproduire à nouveau, permettant des échanges de gènes entre les deux espèces.
La situation est assez complexe dans la zone géographique intermédiaire, le long des côtes françaises. Au lieu de passer graduellement d’une espèce à l’autre, on observe trois zones de co-existence où l’hybridation est possible (dans les Landes ainsi que dans le sud et le nord de la Bretagne) et deux zones où l’on trouve essentiellement une des deux espèces (des M. edulis en Charente-Vendée et des M. galloprovincialis sur la pointe de la Bretagne). La conséquence de cette structure originale est que les populations M. galloprovincialis du Finistère sont génétiquement différentes des M. galloprovincialis d’Espagne et que les populations M. edulis de Charente-Vendée sont différentes des M. edulis de Mer du Nord. Néanmoins, du fait des transports de naissains entre régions mytilicoles, les moules de la baie du Mont St Michel sont semblables à leurs congénères des bouchots d’Atlantique.
Retenons pour conclure que non seulement la moule des bouchots français est authentique par son mode de culture, mais elle est aussi unique génétiquement.
Analyse réalisée par : Bierne N. / CNRS