Notice

  • Bibliomer n° : 3 - Juillet 1992
  • Thème : 3 - Qualité
  • Sous-thème : 3 - 2 Nutrition
  • Notice n° : 1992-0059

La déficience en iode : un problème de santé publique en France et dans les pays européens

Valeix P., Hercberg S.

Institut Scientifique et Technique de la Nutrition et de l'Alimentation, CNAM, 2 rue Conté, F-75003 Paris

Cahiers de Nutrition et de Diététique, 1992, Vol. XXVII (1), p. 24-32


Analyse

L'iode est un oligo-élément essentiel dont le seul rôle connu chez l'homme est de constituer un élément indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Un déficit d'apport alimentaire en iode aura donc un retentissement plus ou moins sévère sur le développement physique et mental des individus
La principale source d'iode pour l'homme est représentée par les aliments. Les teneurs les plus élevées sont retrouvées dans les fruits de mer (40 à 320 µg/100g) et les poissons marins (25 à 75µg/100g). Certains agents de texture alimentaire, carraghénanes, furcellaranes et alginates utilisés comme épaississants et gélifiants contiennent jusqu'à 700mg d'iode par 100g. Le sel enrichi en iode peut assurer selon les pays de 5 à 80% des apports en iod . Enfin, à côté des aliments courants, de nombreux médicaments iodés, des collyres, certains traitements pour l'asthme et les maladies artérielles et veineuses, divers produits diététiques ou amincissants et des laxatifs à base d'algues peuvent avoir des teneurs en iode particulièrement élevée (pouvant même induire des surcharges occasionnelles).
Les données sur les apports quantitatifs en iode dans les divers pays européens sont assez rares. On note des variations régionales importantes, les apports moyens se situent pour de nombreuses régions d'Europe en dessous des apports recommandés pour les populations adultes (120µg/j). Certaines valeurs observées dans des régions du centre et du sud de l'Allemagne pour des teneurs en iode du lait maternel et pour les urines de nouveaux nés sont extrêmement faibles, voire inférieures à celles observées dans les zones de goitre endémique sévère en Afrique ! En France une enquête a montré que dans de nombreuses régions les taux moyens d'iodurie (exprimés en µg de créatinine) pouvaient être considérés comme faibles et ces taux étaient inférieurs au seuil considéré comme à risque de déficience modérée (<50µg/g de créatinine), dans de nombreux collèges. Ces résultats ne sont cependant pas extrapolables à la population en général.
D'autres part il existe à toutes les étapes du métabolisme de l'iode, une compétition entre l'iodure et d'autres anions monovalents, fluor, perchlorate, nitrate, thyocyanate etc... , ainsi qu'avec des molécules ayant une activité antithyroidienne . Dans certains pays tropicaux, l'ingestion de certains aliments riches en glucosides cyanogéniques contribue à créer un environnement goitrogène. La même constatation a pu être faite en Sicile, pays à forte consommation de choux fleurs. Les taux de thyocyanates sont des marqueurs quantitatifs de l'exposition au tabagisme.
La carence en iode alimentaire est une cause bien établie mais non exclusive du goitre endémique dans les populations humaines. Ce n'est plus un problème majeur de santé publique dans les pays industrialisés. Cependant les informations disponibles suggèrent que dans de nombreuses régions d'Europe des prévalences élevées de goitre endémiques subsistent dans certaines régions malgré l'existence de mesures de prévention (enrichissement total ou partiel du sel de cuisine). Une classification des pays européens réalisées par l'European Thyroid Association (ETA) montre que la France est placée dans le groupe à problème.
Un des problèmes majeurs posés par la carence en iode est sa complication principale : le crétinisme endémique. Les enfants nés de mères déficientes en iode ont un déplacement des coefficients intellectuels vers des valeurs basses. Le retard de développement mental, la surdi-mutité et des anomalies neuromusculaires sont les principales conséquences des déficits en iode au niveau du système nerveux central.
Enfin il serait souhaitable de développer des recherches visant à mieux préciser le rôle éventuel des déficits modérés en iode en tant que facteur de risque de développement de certains cancers.


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