Notice

A combien les consommateurs des pays développés évaluent-ils les droits sociaux des travailleurs et l'environnement dans les pays en voie de développement ? Disposition du consommateur à payer plus pour un produit équitable ou biologique

How do consumers in developed countries value the environment and workers' social rights in developing countries?

Disdier* A.C., Marette S

* Paris School of Economics - INRA, 48 Boulevard Jourdan, 75014 Paris, France ; E-mail : Anne-Celia.Disdier@ens.fr

Food Policy, 2012, Vol. 37 (1), p. 1-11 - Texte en Anglais

à commander à : l'auteur, l'éditeur ou à l'INIST


Résumé

Les produits issus du commerce équitable et/ou respectueux de l'environnement sont apparus au cours des dernières années. Ces produits, souvent originaires des pays en voie de développement, sont essentiellement commercialisés dans les pays développés. Les auteurs ont mesuré l'impact de l'information relative aux caractéristiques environnementales et sociales sur le choix des consommateurs et ils ont évalué l'acceptation des consommateurs à payer un prix plus élevé pour des crevettes apposant ces labels.
La consommation de crevettes a doublé en 20 ans ce qui est en grande partie dû au développement de la crevetticulture. Toutefois cet essor a nécessité l'usage de pesticides et d'antibiotiques. De plus certaines pratiques portent atteinte à l'environnement (destruction des mangroves, épuisement des rivières) et sont à l'origine de mauvaises conditions de travail du personnel. Face à ces éléments négatifs, des labels Bio sont apparus pour ces produits, mais ils restent très marginaux (moins de 1% de la production mondiale).
L'étude a été menée à Paris en 2009, elle a porté sur un échantillon de 160 personnes de 18 à 85 ans, sélectionné selon la méthode des quotas et représentatif des groupes d'âges et des statuts socio-économiques de la population parisienne. Le produit considéré était des crevettes d'élevage, décortiquées, cuites, réfrigérées et conditionnées en sachet plastique de 100 g (format le plus consommé en France en 2008). Une distinction a été opérée entre les crevettes dites conventionnelles et celles respectant certaines normes environnementales et sociales.
Avant le test, la sensibilité des participants à l'égard des informations a été analysée. Ils attachaient une grande importance à la protection de l'environnement et aux droits des travailleurs, mais ne se sentaient pas bien informés sur la sécurité des produits. Ils ont exprimé un degré de confiance élevé dans les produits biologiques et/ou issus du commerce équitable. L'expérience proprement dite s'est ensuite déroulée en plusieurs étapes afin d'évaluer au fur et à mesure des informations dévoilées, les variations dans leur consentement à payer plus.
Les résultats montrent que seules des informations précises ont un effet réel. Les labels environnementaux et sociaux ont une influence positive sur cette disposition à payer. L'importance de cette influence est similaire pour les deux types de labels. En revanche, le consommateur n'est pas réceptif à une accumulation de labels.
L'amélioration de la qualité d'un produit agricole ou aquacole, indiquée par l'apposition d'un label, apparaît donc comme un moyen d'augmenter les revenus des producteurs des pays en développement. Toutefois, les résultats de cette étude soulignent aussi les difficultés liées aux développements et signalement de nouveaux symboles dès lors qu'un label a une réputation établie sur le marché. Les producteurs des pays en voie de développement ont donc intérêt à choisir avec circonspection le label à apposer sur leur produit pour capter la disposition du consommateur à payer plus cher par rapport à un produit standard.