Notice

Avis de l'ANSES du 21 avril 2011 relatif au risque d'introduction en Polynésie française de maladies des huîtres perlières Pinctada et des bénitiers Tridacna par les huîtres creuses Crassostrea gigas vivantes, réfrigérées ou congelées, écoquillées, partiellement écoquillées ou non - Saisine n° 2011-SA-0001

Anses

Avis, 2011

Adresse internet : http://www.anses.fr/Documents/SANT2011sa0001.pdf


Résumé

L'identification des dangers a permis de retenir, en France comme en Nouvelle Zélande (NZ), des agents pathogènes de la liste OIE*, (Perkinsus olseni, Bonamia exitiosa), Haplosporidium et le virus OsHV-1 qui risqueraient d'être introduits en Polynésie française (PF) à la suite de l'importation d'huîtres creuses Crassostrea gigas pour la consommation. Marteilia refringens a été identifié en France, mais pas en NZ. L'analyse de risque réalisée s'est heurtée à deux difficultés importantes correspondant à des inconnues :

- Tout d'abord, la méconnaissance du statut sanitaire de la Polynésie française vis-à-vis du virus OsHV-1, danger estimé comme ayant la plus grande probabilité d'introduction par ces importations. Il est évident que le risque n'est pas le même selon que la Polynésie est ou non déjà infectée par cet agent pathogène. Il serait donc capital, pour pouvoir compléter l'analyse de risque, de déterminer le statut de la Polynésie française vis-à-vis de cet agent.
- Ensuite, l'ignorance de l'intensité du pouvoir pathogène du virus OsHV-1 pour les espèces des genres Pinctada et Tridacna. En l'absence d'informations précises sur les conséquences d'une infection de ces espèces par ce virus, l'analyse de risque a dû se limiter à l'appréciation de la probabilité de survenue du danger, sans pouvoir y intégrer l'appréciation des conséquences, indispensable à l'estimation du risque. Comme dans le cas précédent, il serait très utile de disposer des résultats d'une étude de la réceptivité et de la sensibilité d'espèces de ces deux genres pour compléter l'analyse de risque.

L'analyse de risque conclut qu'il existe une probabilité d'introduction et de diffusion de ces agents pathogènes en PF liée à l'importation d'huîtres creuses de l'espèce C. gigas destinées à la consommation humaine, en provenance de France ou de NZ. Cette probabilité est variable en fonction :

- de l'agent pathogène en cause : la probabilité d'introduction du virus OsHV-1 est élevée, alors que celle des agents des maladies de la liste OIE et d'Haplosporidium est quasi nulle à extrêmement faible ;
- de la présentation et du mode de conservation des huîtres, ainsi que des quantités importées :
? les huîtres entières réfrigérées sont les plus à risque ; la probabilité d'introduction liée aux importations françaises, compte tenu de leur volume et du statut sanitaire de la France, apparaît un peu plus élevée que celle qui est liée aux importations à partir de la NZ ;
?les huîtres écoquillées sont les moins dangereuses ;
?les huîtres partiellement écoquillées présentent un risque intermédiaire, proche de celui des huîtres écoquillées ;
- de la zone de consommation des huîtres importées, pour ce qui est des huîtres perlières, avec une probabilité plus importante pour les atolls dans lesquels se concentrent les zones d'élevage. Cette distinction ne concerne pas les bénitiers, présents dans toute la PF.

Le statut sanitaire de la PF au regard du virus OsHV-1 n'est pas connu, le virus n'ayant pas été recherché dans les élevages, parmi les espèces sauvages. L'absence de connaissance de ce statut rend difficile l'application d'une interdiction d'importation d'huîtres creuses destinées à la consommation humaine. Dans l'attente de sa détermination et en fonction du niveau de risque jugé acceptable par le gestionnaire, plusieurs mesures sont envisageables, de l'information des consommateurs à l'interdiction d'importer les huîtres creuses.
Si la PF se révélait indemne de virus OsHV-1, il conviendrait, afin de compléter l'analyse de risque, d'évaluer la réceptivité et la sensibilité des huîtres perlières et des bénitiers vis-à-vis du virus OsHV-1 par une démarche expérimentale appropriée.

* Organisation mondiale de la santé animale