Notice

Ciguatera : une préoccupation pour la santé publique

Ciguatera: A public health perspective

Dickey * R.W., Plakas S.M.

* U.S. FDA Center for Food Safety and Applied Nutrition, Office of Food Safety, Division of Seafood Science and Technology, Gulf Coast Seafood Laboratory, 1 Iberville Drive, Dauphin Island, AL 36528, USA ; Tél.: +1.251.690.3368 ; Fax : +1.251.694.4477 ; E-mail : robert.dickey@fda.hhs.gov

Toxicon, 2010, Vol. 56 (2), p. 123-136 - Texte en Anglais

à commander à : l'auteur, l'éditeur ou à l'INIST


Résumé

La ciguatera est une toxi-infection alimentaire due à la consommation de produits de la mer ayant accumulé des ciguatoxines. C'est la principale intoxication alimentaire attribuée à la consommation de poisson dans le monde. Son appellation commune est " gratte " ou " gratelle ".
Les ciguatoxines sont des molécules liposolubles produites par une microalgue du genre Gambierdiscus présente dans les récifs coralliens. Elles s'accumulent dans les organismes et leurs concentrations augmentent en gravissant les échelons de la chaîne alimentaire. Elles peuvent donc être présentes dans les poissons tropicaux et subtropicaux. Les ciguatoxines regroupent une famille de composés :
- 12 congénères sont connus dans les Caraïbes et les poissons tropicaux de l'Atlantique, et
- 29 congénères ont été répertoriés chez des poissons du Pacifique.
Les poissons brouteurs de coraux ingèrent plusieurs espèces microphytobenthiques ; les Gambierdiscus sont donc associés à d'autres dinoflagellés, eux aussi toxiques, comme Ostreopsis ou Prorocentrum lima, ce qui explique la complexité des symptômes ciguatériques : les CTX ne seraient pas seules en cause.
L'expansion du commerce des poissons issus des régions où la ciguatera est endémique a contribué à augmenter la fréquence de ces intoxications alimentaires dans des régions non endémiques.
Les ciguatoxines produisent un ensemble complexe de symptômes gastro-intestinaux, neurologiques et cardiaques pouvant entraîner la mort. Ils apparaissent de 30 min à 12 heures après l'ingestion de poissons toxiques et diffèrent selon leur origine, Pacifique ou Atlantique. Les cas mortels sont cependant exceptionnels.
La spécificité de la ciguatoxine est la persistance des troubles et son effet de sensibilisation de l'organisme : les troubles peuvent être ravivés par une nouvelle consommation d'un poisson, même dépourvu de toxine.
Les possibilités de traitement sont limitées ; des plantes médicinales traditionnelles sont utilisées localement, mais leurs principes actifs n'ont pas été identifiés à ce jour.
Les études sur les intoxications ciguatériques ont permis d'améliorer le diagnostic et le traitement. Elles ont également servi à la détermination des seuils de toxicité chez l'homme, et à l'établissement de limites de sécurité. A partir de ces seuils, un facteur 10 a été appliqué pour tenir compte des facteurs de risque chez l'homme, ainsi que de l'incertitude sur la quantité de poisson consommée et la précision analytique. Cette étude pourrait fournir des teneurs limites à l'industrie des produits de la mer et aux consommateurs :
- 0,10 ppb C-CTX-1 équivalent toxique dans les poissons de l'Atlantique tropical, le golfe du Mexique, les Caraïbes, et de
- 0,01 ppb(*) P-CTX-1 équivalent toxique dans des poissons provenant des régions du Pacifique.
(*) ppb = partie / milliard, 1 ppb (billion) = 1/109 = 1 ng/kg.
Voir aussi :
- BASAG, Bulletin d'Alerte et de Surveillance Antilles-Guyane, n° 8 (2008) :

- Ciguatera.com, sur le site de l'ARVAM.