Notice

Pisciculture marine de " nouvelles espèces " d'élevage pour l'Europe

Suquet * M., Divanach P., Hussenot J., Coves D., Fauvel C.

* Ifremer, station expérimentale d'Argenton, Presqu'île du Vivier, 29840 Argenton ; E-mail : Marc.Suquet@ifremer.fr

Cahiers Agricultures, 2009, Vol. 18 (2-3), p. 148-156

Adresse internet : http://www.john-libbey-eurotext.fr/fr/revues/agro_biotech/agr/sommaire.phtml?cle_parution=3148


Résumé

En Europe, la pisciculture marine s'est développée en deux vagues : celle du saumon atlantique, puis celle du bar et de la daurade. L'élevage de
" nouvelles espèces de poissons marins " répond à une demande de diversification. Cet article présente l'état de la production de ces " nouvelles espèces ", l'historique des recherches menées, les problèmes et perspectives liés au développement de leur élevage.
L'aquaculture de la morue (Gadus morhua) a débuté en 2001, en production intensive. En 2005, 1 445 tonnes de flétan (Hippoglossus hippoglossus) ont été fournies par l'aquaculture. Entre 2000 et 2005, la production annuelle moyenne de deux espèces de soles (Solea solea, Solea senegalensis), a été d'environ 35 tonnes. En 2004, 1 000 tonnes de maigre (Argyrosomus regius) d'élevage ont été produites en Corse et Italie. Pour ces espèces, des recherches sur différentes étapes de production et sur le contrôle des pathologies sont encore nécessaires.
Les sparidés (sar à museau pointu, espèce partiellement herbivore : 1200 t/an, pageot, pagres, denté...), se développent également.
L'industrie aquacole du thon rouge (Thunnus thynnus) s'est développée en Méditerranée et produit plus de 20 000 t/an, à partir de la capture d'individus sauvages à reproduction contrôlée, mais la faisabilité technique de la production (en sites ouverts et en eaux profondes) de cette espèce doit être favorable à la dilution et à la dispersion des rejets biologiques.
L'aquaculture du lieu jaune (Pollachius pollachius) s'est surtout développée en Espagne. Celle du cernier (Polyprion americanus) et de la sériole (Seriola dumerilii), est également prometteuse.
Certains essais ont été abandonnés (par exemple, le mérou) pour des questions de croissance trop lente ou de sensibilité aux maladies (nodavirus, par exemple).
Ces nouvelles espèces, à l'exception du sar à museau pointu, ont un régime alimentaire carnivore, ce qui freine leur élevage, l'utilisation de la productivité des océans à des fins d'alimentation d'animaux en élevage ne pouvant être poursuivie ou accentuée.
La sélection de poissons marins autres que carnivores, la définition des méthodes d'élevage de ces espèces, et enfin la prise en compte de l'impact environnemental de l'aquaculture doivent être aujourd'hui considérées comme de véritables sujets de recherche en Europe.