Notice

Vue globale de l'utilisation des farines et des huiles de poisson dans les aliments aquacoles composés industriels : tendances et prospectives

Global overview on the use of fish meal and fish oil in industrially compounded aquafeeds: Trends and future prospects

Tacon* A.G.J., Metian M.

* Aquatic Farms Ltd, 49-139 Kamehameha Hwy, Kaneohe, HI 96744, USA ; Tél.: +1.808.239.2929 ; Fax : +1.808.239.8426 ; E-mail : agjtacon@aol.com

Aquaculture, 2008, Vol. 285 (1-4), p. 146-158 - Texte en Anglais


Analyse

Les résultats d'une enquête menée entre décembre 2006 et octobre 2007 sur l'utilisation de la farine (FP) et de l'huile de poisson (HP) dans les aliments composés aquacoles, à partir d'un questionnaire adressé à plus de 800 partenaires (fabricants d'aliments, éleveurs, scientifiques et spécialistes de la pêche et autres) dans plus de 50 pays sont présentés. Le taux de réponses était de 25 %, représentant 37 pays, qui couvraient cependant près de 95 % de la production totale de l'aquaculture.
L'étude décrit la dépendance de l'aquaculture vis-à-vis des apports alimentaires, incluant les ressources halieutiques. Ainsi, en 2006, 43,7 % de la production globale totale (plantes aquatiques et mollusques bivalves) dépendent des apports nutritifs du milieu naturel. Dans 56,3 % des autres productions aquacoles (poissons et crustacés), l'alimentation est fournie par la consommation de nourriture produite dans le système de culture pour les espèces cibles ou par les apports externes directs (production industrielle d'aliments composés, aliments de fermes ou nourriture de valeur nutritive élevée, comme les poissons " fourrage ") qui représentent les frais d'exploitation les plus élevés.
Si le secteur aquacole des poissons et des crustacés soutient son taux de croissance de 8,5 % par an, l'approvisionnement des apports devra se développer à un taux semblable afin de satisfaire la demande. La production totale d'aliments composés en 2006 s'établit entre 20,2 et 22,7 millions de tonnes, fournis par les pays asiatiques, Chine, Thaïlande, Indonésie, Vietnam, Japon, Philippines, Taiwan, Chili, Etats-Unis et Norvège. Les groupes d'espèces principales élevées qui se rapportent à cette consommation d'aliments composés sont les espèces chinoises de carpe, crevettes marines, saumons, tilapias, poisson-chats, poissons marins, truites, anguilles, chanos (" milkfish ") et crustacés d'eau douce.
Une grande variation de l'utilisation de la FP et de l'HP dans les aliments composés des principales espèces élevées, à l'intérieur et entre les pays pour les mêmes espèces reflètent les systèmes de production utilisés, voire les alimentations employées ou l'existence d'instructions législatives en rapport avec l'importation et/ou l'utilisation d'ingrédients... Par exemple, le Royaume-Uni stipule la prohibition de l'utilisation des sous-produits d'animaux terrestres et d'aliments génétiquement modifiés comme sources d'ingrédients dans les aliments composés.
En dépit de l'augmentation de la consommation globale totale de la FP et de l'HP par le secteur aquacole, les niveaux d'incorporation dans les aliments composés aquacoles ont fortement diminué, étant donné les prix croissants de ces ingrédients, dus aux fortes demandes du secteur aquacole et animal, en Chine notamment, ainsi qu'à un accroissement de la demande en huiles végétales et aux prix de l'énergie.
Les projections de disponibilité, prix et utilisation de la FP et de l'HP varient selon les points de vue. L'IFFO (International Fishmeal and Fish Oil Organisation) prévoit pour 2012 une augmentation des quantités de FP et HP utilisées dans les aliments composés de 18,1 % et 6,8 % (basée sur une production constante de FP de 6 millions de tonnes et d'HP de 950 000 tonnes), de 2008 à 2012, respectivement. En revanche, cette étude suggère une diminution globale à long terme de 44,5 % et 15,5% respectivement d'ici 2020, selon les groupes d'espèces.
Une forte diminution des apports de poissons pélagiques " fourrages " a été observée, très accentuée pour les espèces de poissons carnivores ; l'utilisation par groupes d'espèces est précisée.
Sur la base de l'augmentation des coûts globaux de la FP et de l'HP, il est prévu que les niveaux d'incorporation de ces ingrédients dans les aliments composés diminueront à long terme, et qu'ils seront de plus en plus utilisés en tant qu'ingrédients de haute valeur alimentaire, spécialisés pour les phases de finition de l'élevage, ou dans l'alimentation des stocks de reproducteurs, par exemple.
Analyse réalisée par : Omnès M.H. / IFREMER