Notice

Distribution et devenir de contaminants persistants dans les écosystèmes littoraux - Comparaison Manche Ouest - Manche Est

Abarnou* A., Duchemin J.

* Ifremer, Centre de Brest, Département Biogéochimie et Ecotoxicologie BP 70 29280 Plouzané ; Tél : 02.98.22.43.57 ; Fax : 02.98.22.45.48 ; E-mail : Alain.Abarnou@ifremer.fr

Rapport final d'étude, 2008

Adresse internet : http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Expert/Etudes_et_Syntheses/etude_2008/Etude_AESN_IFREMER_corr_2008.pdf


Analyse

Cette étude, réalisée par l'Ifremer pour l'Agence de l'Eau Seine-Normandie, informe sur les niveaux de présence dans les produits de la mer de contaminants relativement bien connus et réglementés (cadmium, mercure, plomb, polychloro-biphényles ou PCB, dioxines, hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP) et d'autres substances moins systématiquement suivies dans les programmes de surveillance (argent, cuivre, nickel, zinc, les retardateurs de flamme du groupe des polybromo-diphényles éthers ou PBDE, les alkylphénols et les phtalates).
Pour cette étude, le littoral bas-normand (de l'estuaire de la Seine au Mont Saint-Michel) est particulièrement intéressant : dans ce cadre géographiquement limité, parmi les contaminants dont l'origine est liée aux activités humaines, les niveaux extrêmes de contamination relevés à l'échelle de l'ensemble du littoral métropolitain sont trouvés.
La recherche de ces substances dans les moules et dans les poissons avait pour but de catégoriser les contaminants, le fait que les moules accumulent les substances hydrophobes à partir des particules en suspension, alors que les poissons sont capables de les métaboliser, fait apparaître des classes de substances.
Certaines, comme les PCB, sont bioaccumulées sans transformation notable dans les poissons, d'autres au contraire, par exemple les HAP, sont biotransformées dans les poissons mais pas dans les moules où ils demeurent bioaccumulés.
Enfin, vu sous l'angle sanitaire, les mesures obtenues ont permis une évaluation de l'exposition du consommateur à ces composés chimiques par la consommation de produits de la mer.
Pour les éléments métalliques Cd, Pb, Ag, Cu, Ni, Zn, et pour la plupart des contaminants organiques étudiés, les concentrations mesurées restent généralement bien en dessous des concentrations maximales admissibles dans les produits de la mer.
Il faut noter toutefois que les taux de mercure dans les poissons de la baie de Seine, bien qu'inférieurs à la norme (0,5 mg/kg) ainsi que les taux de l'argent et du cadmium, justifient une consommation modérée des produits de la mer issus de cette zone.
Les teneurs relevées dans l'ouest Cotentin ne posent pas de problème de contamination par les dioxines, le risque pour les PCB reste faible. Mais la situation est vraiment préoccupante dans l'estuaire et la Baie de Seine, pour les PCB et à moindre mesure pour les dioxines ; leur présence à des teneurs importantes dans les moules, signalée depuis près de 30 ans dans le cas des PCB, reste encore bien trop élevée, même si les niveaux de contamination ont légèrement diminué ces dernières années.
De tels niveaux de contamination dans les produis de la mer sont susceptibles d'entraîner, pour les personnes qui consomment régulièrement ces produits, une exposition à ces substances potentiellement toxiques bien supérieure aux doses maximales admissibles établies par les autorités sanitaires.
Il paraît donc opportun d'informer localement les populations de ce risque d'exposition trop élevé, et de les inciter à modérer leur consommation de produits de la mer issus de la baie de Seine, en diversifiant leurs approvisionnements.
Analyse réalisée par : Abarnou A. / IFREMER