Notice

Pathologies attribuables à la consommation de coquillages

Baylet R.*, Elzière P., Guyonnet J.P.

* Institut Bouisson-Bertrand, Parc Euromédecine, 778, rue de la Croix-Verte, 34196 Montpellier Cedex 5, France ; E-mail : www.bouisson@bertrand.fr

Revue Française des Laboratoires, 2004-01, n° 359, p. 21-31


Analyse

Une analyse bibliographique dresse la liste des micro-organismes pathogènes, des toxines phytoplanctoniques et des polluants chimiques, susceptibles d’être accumulés dans les coquillages et d’entraîner des troubles chez le consommateur. Les différentes étiologies d’origine coquillière sont décrites : septicémies d’origine bactérienne, fièvre typhoïde, hépatite A, syndromes diarrhéiques provoqués par des virus, des bactéries, des parasites ou des toxines phytoplanctoniques, et intoxications neurologiques également d’origine phytoplanctonique. Pour chacune de ces pathologies, la symptomatologie est décrite, l’incidence dans la population précisée, ainsi que le ratio attribué à la consommation des coquillages, lorsqu’il est connu. Parmi les organismes responsables, certains sont d’origines animales ou humaines (virus et bactéries entériques, par exemple), d’autres peuvent être naturellement détectés en eaux douces, marines ou estuariennes (Vibrions et algues phytoplanctoniques). Les risques liés à la consommation de coquillages contaminés par des polluants organiques ou métalliques restent limités en France; de plus ils sont difficiles à évaluer car les produits marins ne représentent qu’un faible pourcentage des apports de polluants chimiques par d’autres sources d’exposition. Cependant ils peuvent potentiellement exister dans le cas de pollutions accidentelles de grande ampleur, comme celles consécutives aux marées noires.
Pour chacune des étiologies, les épisodes épidémiques, associés à la consommation de coquillages, sont détaillées. Certaines de ces épidémies ont été observées en France; la plupart n’a souvent donné lieu qu’à une étude descriptive. En effet, seule une enquête épidémique analytique de type cas-témoin permet d’identifier l’aliment responsable des pathologies observées. Cela implique une déclaration rapide des cas auprès des responsables de la santé publique afin de mettre en place une investigation épidémiologique associant une enquête auprès des malades, la collecte et l’analyse des prélèvements biologiques issus des malades et celles des aliments impliqués dans la toxi-infection alimentaire. Globalement, les TIAC (toxi-infection alimentaire collective) toutes origines confondues- restent insuffisamment déclarées.
La contamination microbiologique du littoral résulte le plus souvent de dysfonctionnement des systèmes de collecte et de traitement des eaux usées. Les zones de production conchylicoles sont classées en fonction de la qualité sanitaire des coquillages en élevage sur la base de l’absence ou d’une concentration plus ou moins importante de témoins de contamination fécale (Escherichia coli). Ceux-ci indiquent la probabilité, mais non la certitude, d'une contamination par des pathogènes de même origine. La surveillance du littoral et des zones conchylicoles est assurée par l’Ifremer au travers de ces réseaux de surveillance (REMI, réseau microbiologique, REPHY, réseau phytoplanctonique et RNO, réseau chimique).
Les Affaires Maritimes contrôlent les transports et mouvements des coquillages entre les différentes zones conchylicoles. Les Services vétérinaires sont en charge de la surveillance sanitaire des établissements de production et des circuits de distribution des coquillages. De plus, les conchyliculteurs ont développés des auto-contrôles bactériologiques de leurs produits. En cas de dépassements des seuils de contamination fixés par la réglementation, des mesures d’interdiction de commercialisation sont prises par arrêté préfectoral. Ces différents systèmes de surveillance et les mesures administratives prises lors de dépassement des seuils admissibles concourent à garantir la salubrité des coquillages commercialisés.
Les auteurs concluent sur l’intérêt de développer de nouvelles techniques plus efficaces de purification de coquillages et sur celui d’identifier des indicateurs de contamination plus performants.
Les points suivants peuvent apporter un complément d’éclairage sur la question du risque associé à la consommation des coquillages. Diverses études, publiées récemment, ont permis de mieux comprendre les mécanismes de contamination des eaux littorales, d’identifier plus précisément les sources de contamination et de proposer des moyens de réduction des apports au milieu marin. En effet, cette approche est à privilégier par rapport aux actions de purification des coquillages en aval. Dans le cas de la contamination microbiologique des coquillages, les recommandations vont vers une amélioration de l’assainissement et une optimisation des techniques d’épuration des eaux usées.
L’évolution de la réglementation dans ces domaines peut contribuer également à la restauration de la qualité des eaux littorales. La réduction des concentrations de certains métaux, notamment le cadmium, au cours des 20 dernières années le long du littoral français a pu être corrélé à l’effet de la réglementation de l’usage de certains produits chimiques.
Par ailleurs, le développement des techniques de détection des pathogènes par biologie moléculaire ouvre une voie nouvelle aux méthodes de surveillance des microorganismes dans le milieu marin et dans les aliments.
Analyse réalisée par : Miossec L./ IFREMER