Notice

Les intoxications alimentaires humaines causées par les algues phytoplantoniques toxiques . Première et deuxième partie

Treguer P.Y.

Médecine et Nutrition, 1998, n° 4, p. 145-159, 191-192


Analyse

L'auteur, un médecin, a écrit en deux articles une synthèse sur les intoxications alimentaires, dues à des algues phytoplanctoniques. Après avoir fait la distinction entre les toxi-infections dues à des bactéries ou des virus, les pathologies d'origine allergiques et les troubles de santé en rapport avec l'action de toxines contenues dans l'organisme des poissons et fruits de mer, il décrit les modes de transmission à l'homme des phytotoxines via les coquillages ou les poissons. Ce travail repose sur une recherche bibliographique conséquente (82 références).
Les intoxications observées suite à l'ingestion de fruits de mer sont classées en quatre types : l'intoxication neurologique par des fruits de mer (INFM), l'intoxication amnésique (IAFM), l'intoxication diarrhéique (IDFM) et l'intoxication paralysante (IPFM). Pour chaque cas, les aspects médicaux (symptômes, diagnostic, traitement), les aspects toxicologiques (nature, propriétés, mécanismes d'action des toxines), les espèces concernées, les localisations géographiques et les méthodes de détection des toxines sont décrits. Les intoxications les plus dangereuses, car potentiellement mortelles sont l'IAFM et l'IPFM. Sur le littoral français, où un suivi régulier des efflorescences phytoplanctoniques est effectué, on observe ponctuellement les espèces responsables de l'IDFM et rarement de l'INFM, les zones littorales incriminées sont alors 'fermées' (pêche & vente de coquillages interdites). La contamination des mollusques n'influence pas leurs caractéristiques organoleptiques ; les coquillages demeurent pratiquement insensibles aux toxines, leur comportement n'est pas modifié. Lorsque les coquillages sont placés dans une eau dépourvue de plancton toxique, ils se décontaminent naturellement, le temps d'épuration dépend de la toxine en cause, de l'espèce de coquillage contaminé et de son état physiologique. Les toxines décrites sont thermostables et le traitement des affections qu'elles induisent est symptomatique car il n'existe pas d'antidote.
L'intoxication ciguatérique, surnommée 'la gratte' en Nouvelle-Calédonie a été observée en zone tropicale, suite à l'ingestion de poissons vivant à proximité de récifs corallien. Les ciguatoxines, accumulées au cours de la chaîne alimentaire (algues toxiques microscopiques fixées sur des algues macroscopiques broutées par les poissons herbivores, eux même mangés par des poissons carnivores) se retrouvent dans la chair des poissons et surtout dans les viscères (en particulier le foie). Les poissons contaminés ont un comportement inchangé, et ne sont pas différenciables des poissons sains par la forme, l'odeur ou le goût. Une liste des poissons toxiques a été publiée. Les aspects médicaux, symptômes (gastro-intestinal, neurologique et cardio-vasculaire), examens possibles, diagnostic et remèdes, y compris traditionnels sont décrits ainsi que les aspects toxicologiques. Mais il faut noter qu'à ce jour il n'existe pas de véritable antidote. Les ciguatoxines (une vingtaine de composés) sont très toxiques, on évalue à 0,1µg la quantité suffisante pour provoquer une intoxication ; elles sont stables, non détruites par la cuisson, la congélation ou la salaison. Les méthodes de détection, test biologiques, analyses chimiques et immuno-enzymatiques sont citées.
Les moyens de prévention des intoxications humaines causées par le phytoplancton sont abordés: les systèmes de surveillance mis en place en France et au plan mondial, ainsi que les réglementations essentiellement européenne, canadienne et américaine (US). Enfin un tableau synthétique récapitule les principales caractéristiques des intoxications phytoplanctoniques.
Analyse réalisée par : Etienne M. / IFREMER