Notice

Ingestion de poisson cru : l'anisakidose - données actuelles à propos de 25 observations

Bourée P.*, Paugam A., Bisaro F., Petithory J.C.

* Département de Parasitologie, Hôpital de Bicêtre, 94275 Kremlin-Bicêtre ; Fax : 01.45.21.33.19

Médecine et Nutrition, 1995, Vol. 31 (2), p. 83-88


Analyse

L'Anisakidose, nouveau terme remplaçant l'Anisakiase, est une affection due à l'ingestion de poissons contenant des larves d'Anisakis. Deux séries de patients ont été analysées : 5 observations cliniques et 20 diagnostics sérologiques.
En France, 55 cas sont actuellement recensés, montrant une majorité de cas aigus survenant dans les 48 heures suivant le repas infestant.
Les troubles sont surtout des épigastralgies (18 cas) et une occlusion (8 cas).
Des douleurs abdominales erratiques ont été retrouvées chez 5 sujets et un syndrome appendiculaire chez 3 patients. Les larves étaient localisées dans la paroi gastrique (25 cas), responsables d'altération de la muqueuse (érythème, oedème, parfois ulcération).
Le diagnostic repose sur la mise en évidence de la larve par fibroscopie qui permet son extraction et guérit le patient. La radiographie digestive montre des zones d'oedème, des aspects pseudo-tumoraux, et parfois visualise le ver. Dans les infections chroniques réalisant un granulome éosinophile de l'intestin grêle, les malaises intermittents évoquent d'autres diagnostics d'atteinte digestive.
A ce stade, la sérologie est positive et le traitement chirurgical est nécessaire.
Le taux d'infestation chez les poissons est élevé : merlu 88%, sébaste 86%, hareng 82%, merlan 71%, saumon, maquereau.
L'éducation sanitaire devrait déconseiller la consommation de poisson cru. Mais la seule prophylaxie efficace est la cuisson profonde à 70°C ou la congélation à -20°C pendant au moins 72 heures, mesures non encore obligatoire dans la CEE, sauf en Hollande, où on a constaté une chute de l'incidence de l'anisakidose humaine.
Analyse réalisée par : Léglise M. / IFREMER